Hommage à Jacky Huet

Les techniciens du spectacle vivant en Europe
Dialoguer pour pérenniser

 

Jacky Huet nous a quittés un matin d’automne 2014. Homme au parcours immense, il a durablement marqué les métiers du spectacle vivant de son empreinte. Débutant sa carrière dans les années 60, il a accompagné et écrit une partie des règles qui régissent aujourd’hui notre secteur d’activité.

A partir des années 90, en plus de ses activités de régisseur général et directeur technique, il est devenu formateur dans différentes structures (CNFPT, CFPTS, Staff, DMA NANTES, ARTEK Formations).

Il a ainsi pu transmettre ses compétences et sa passion. Les Moë-kans l’ont bien connu, et souhaitaient lui rendre hommage à travers les témoignages de quelques-uns de ceux qui l’ont rencontré.

 

 

Je me souviens que c’est au Marché des Arts du Spectacle Africain, (MASA), à Abidjan, en 1995, que nous avons commencé avec Jacky Huet une compétition amicale et joyeuse pour battre le record de lumens émis par watts consommés avec des lampes à décharge gazeuse.
Il venait de mettre au point la lampe équipant le “Minou” avec l’équipe d’ADB, et avait presque atteint 50 Lumens/watt.

Je commençais la version 2 de mon BUSD (Ballast Universel pour Sources à Décharge), et nous nous sommes repassé devant pendant des années, jusqu’à ce jour où je lui ai téléphoné depuis l’atelier d’Ilotopie : je venais d’attendre 60 Lm/W, et nous sablions le champagne en pensant à lui.

Maintenant, EDF-Innovation se propose de développer et de breveter la version 4.2, partiellement graduable. Et les conseils et essais de Jacky y sont pour quelque chose.

A ta santé, l’ami !

Jean-Yves Bouchicot, Éclairagiste – enseignant-chercheur

 


 

La première fois que j’ai rencontré Jacky, il était formateur sécurité pour la licence d’entrepreneur du spectacle. Il ne savait pas encore qu’il allait devenir Régisseur général “faiseur de miracles” au théâtre de Goussainville.

Au-delà de cette magnifique rencontre professionnelle, c’est l’ami “papa poule” et son regard bienveillant qui me manquent.

Aujourd’hui, son fiston dont il était si fier prend la relève et vole de ses propres ailes.

L’art de la transmission selon Jacky !

Sirane Semerciyan, Directrice de l’action culturelle, ville de Goussainville

 


 

Je ne l’ai vraiment rencontré qu’une seule fois. Lors de ma première remise à niveau pour l’habilitation électrique,  il devait être notre maître de stage. Malheureusement, il était alors trop fatigué pour assurer toute la semaine de cours.

Malgré tout, il a tenu à passer un après-midi avec nous. Il était très clair pour moi que ces moments échangés étaient très importants pour lui.

Dans notre métier, parfois, nous avons la chance de croiser des personnages qui comme lui sont des passeurs et des mémoires de notre activité et qui surtout ont le goût de l’échange.

Pour ma part, c’est à travers les yeux et les souvenirs d’autres techniciens que j’ai pu me faire une meilleure idée de ce qu’il était, et je dois dire que j’ai rencontré peu de personnes qui font à ce point consensus.

Christophe Camera, Régisseur lumière – régisseur général

 


 

J’ai rencontré Jacky, la première fois au CFPTS.

Nous étions la première génération de CFA dits “spectacle», chacun d’entre nous avait déjà bourlingué, la sélection ne s’était pas faite parmi des petits jeunes post baccalauréat.

La nouveauté n’aidant pas toujours à trouver facilement un employeur en alternance les parcours étaient aussi diverses que les entreprises recouvraient des domaines complètement différents.

Le premier cours de Jacky, outre le fait qu’on l’avait croisé dans la cour, fut une “remise à niveau” en électricité théorique.

Nos parcours différents en tous cas ne nous disposaient pas vraiment à nous intéresser à l’électricité version trigonométrie.

J’avais pour ma part déjà bien donné dans le domaine.

L’ambiance était tendue entre un groupe qui manifestait, sa rébellion face à un centre de formation qui contenait mal le tâtonnement que peut susciter la mise en place d’un CFA.

Et je pense qu’au bout de quelques heures d’observation et de Cosinus Phi, ça a du gueuler:

Jacky : “ Mais si ça vous intéresse pas, cassez vous !

Moi : ” mais tu changes toutes les lettres qu’on utilise en fac, fatalement ça complique pour pas grand chose.

Bref derrière tout cela il y avait probablement un apprivoisement nécessaire, d’une génération sur l’autre, l’incompréhension dans la transmission entre un passionné d’une technique indispensable et 12 personnes déçues parce qu’elles attendaient trop d’une formation. (Ce qui doit être le cas de 80% des formations)

Les choses se sont détendus pour la suite du cours et au comptoir de chez Toufik pour les mois et années suivantes…

Pour le reste j’ai repris l’électricité bien plus tard et c’est moi qui change toutes les lettres maintenant.

Frédéric Poullain, Directeur technique, chargé de sécurité,  ERP, IOP, espace public et code du travail

 


 

Cher Jacky, Evoquer avec les stagiaires, leur rencontre avec toi, reste toujours un vrai plaisir. Entre anecdotes croustillantes et expériences variées, chacun se régalait.

Une pédagogie oscillant entre sagesse et humour, tu étais le disjoncteur de leur cerveau. Tu les enrichissais de tes connaissances pour les élever aussi haut qu’une PEMP.

Pour cela, je n’avais pas besoin de te délivrer une autorisation de conduite ! J’espère que là où tu es, ils ont les zygomatiques en feu, l’extincteur n’est pas nécessaire, cela n’est pas dangereux …. Tendresse préventive.

Sandrine THEBAUD, dirigeante ARTEK Formation

 

 

 


 

Nous étions frangin, c’est comme cela qu’on s’appelait. C’était une belle personnalité ; dans le travail, en Afrique, au MASA, à Abidjan, au festival des Francophonies en Limousin… Il a apporté de la joie à mes enfants en envoyant des cadeaux, c’était vraiment mon frangin. Il est venu me voir plusieurs fois à Paris et m’a invité à manger plusieurs fois. C’est triste qu’il nous quitte ainsi. Quand il était malade je l’appelais, et ça été très dur pour moi quand on m’a annoncé sa disparition. Il est en moi.

Je suis technicien en régie Son et Lumière, formateur, enseignant et créateur de lumières, et c’est grâce à ce monsieur qui était très chaleureux envers tous, qui était prêt à accompagner tout le monde avec modestie.

Paix à son âme, que Dieu console sa famille.

Merci à vous d’avoir pensé à honorer ce grand homme.

S.Jacob Bamogo, créateur, formateur, vacataire à l’UO de Ouagadougou et régisseur général en son et lumière.

 


 

Coulemelles, Trompettes de la mort, un bonheur de cueillir des champignons en forêt de Compiègne.

Un verre de rouge, un Noël avec les copains comme bien des fois…

Tu nous manques Jacky. On t’aime.

Marc, régisseur général.

 

 


 

J’ai eu le privilège de rencontrer une partie de l’histoire de ce secteur d’activité. D’abord il fût mon formateur, en 2000, dans le domaine électrique, puis il deviendra mon ami très cher. Rapidement, il s’est imposé comme un père spirituel, un endroit où les bras et les portes sont toujours ouverts.

Une « cabane dans les bois », à l’abri des autres, ou l’on peut s’assoir et discuter, se confronter, se ressourcer, refaire le monde… et apprendre.

Je l’ai regardé partir en toute impuissance, il m’a si souvent remis sur pieds.

J’aurai bien aimé prier un tout puissant, à ce propos il m’a si souvent ri au nez.

Il coule dans les veines de ma maison, je n’ai plus envie d’aller aux champignons.

Il y a toujours son atelier dans mon cabanon, des fois je m’y assois sans raisons.

Ma cave se vide moins rapidement, mon cœur s’est vidé un matin d’automne.

Je l’interroge encore si souvent, je finirai seul cette bouteille de Rhum.

Jacky on va s’occuper des vivants, vivre debout et pas à genoux.

Et vive ton Rock’n Roll…

 

Philippe Cuvelette, Directeur développement MOË-KAN Sas

 

 

 

 

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